Silence, le génocide continue

En deux jours, ma télé a réussi à me faire pleurer deux fois. C'est grave là, ça ne va pas du tout... Bon voilà ce qui se passe : le 10 mai est maintenant journée nationale en mémoire de l'esclavage en gros. Et du coup les reportages sur l'Afrique pleuvent. Et moi je pleure. Je pleure quand je vois le reportage d'Envoyé spécial sur le viol systématique des femmes en RDC, je pleure quand je vois l'enfant esclave que les ONG n'ont pas pu libérer faute de fonds sufisants sur Thalassa. C'était fait pour ça, je suis tombé dedans, en plein dedans... Je me sens un peu conne de cette réaction parce que c'est trop facile d'avoir pitié. En même temps j'ai l'impression d'être la seule à me sentir concernée alors je me dis que plus tard ma révolte me servira, sera constructive et que je serais utile...
Et puis il ya le Darfour qui continue encore et encore, qui n'en finit plus, ça les épuise les journalistes cette crise qui ne se résoud pas. Clearstream c'est fracassant, c'est du lourd, du lourd qui ne restera pas dans les annales mondiales, peut-être dans certaines mémoires françaises (hein Galouzeau!) et encore... Et pendant ce temps là quelque part au Soudan on continue à ne pas vouloir regarder: Rwanda-Darfour, même combat... La mondialisation c'est aussi ça: des pays qui entretiennent des liens improbables, des milieux qui s'interpénètrent, des intérêts trop croisés, et au milieu de tout ça la politique ne sert plus à grand chose. La Chine a tellement besoin du pétrôle soudanais qu'elle n'ose pas s'opposer au gouvernement qui arme les génocidaires, la Russie fait trainer le dossier, la France et le reste du monde n'a aucune idée de l'endroit où se situe le Darfour. Seuls les Etats-Unis essayent depuis peu, ils cherchent des accords, samedi une grande manifestation à la tête de laquelle il y avait Georges Clooney (très engagé et très célibataire comme le dit Le Point) a demandé une intervention de l'ONU.
Quelle paix peut-il y avoir maintenant? Quand cela fait déjà plus de deux ans que les massacres sont perpétrés, la réunion de ces deux populations va être quasiment impossible dans l'avenir... Nous sommes tous tellement persuadés de l'existence d'une fatalité africaine, d'un déterminisme de la pauvreté qu'on y prête à peine attentien. Voilà comment s'est produit un génocide de plus, le premier du XXI° siècle...